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Barcelone 2014 : Un Global Forum de la créativité enseignante

Du 11 au 14 mars, le « Global Forum  », organisé par Microsoft, rassemble des enseignants innovants du monde entier venus partager les expériences pédagogiques que le numérique leur permet de déployer.

Article mis en ligne le 12 mars 2014

par Sébastien LECOURTIER

Barcelone 2014 : Un Global Forum de la créativité enseignante 

Du 11 au 14 mars, le « Global Forum Â », organisé par Microsoft, rassemble des enseignants innovants du monde entier venus partager les expériences pédagogiques que le numérique leur permet de déployer. Le Forum réunit des dizaines d’enseignants enthousiastes et heureux venus de tous les continents et toutes les cultures. Il permet de saisir combien par les technologies de nouvelles valeurs pédagogiques un peu partout se répandent : la collaboration, la créativité, l’autonomie… Le défi est de taille. Se priver des nouveaux outils et ressources, ce serait s’interdire des usages susceptibles de revitaliser l’éducation. S’emparer des nouveaux outils et ressources, c’est participer àl’avènement, inéluctable, d’une « société de l’apprentissage Â ».

 

Une nouvelle culture éducative

 

Au Global Forum 2014, 97 pays se retrouvent représentés par 1100 participants, dont 267 enseignants venus présenter les projets pédagogiques innovants qu’ils mènent avec le numérique dans leurs classes ou structures. L’internationale de professeurs ainsi constitués ne se retrouve pas exactement sur des outils communs : il n’y a pas ici, comme on pourrait le craindre, de marque obligée ; les outils de la concurrence, du libre, du web en général sont tout autant représentés. L’entreprise organisatrice vise plus fondamentalement un développement du numérique àl’Ecole dont elle finira forcément, étant donné sa position, par recueillir les dividendes … Ce qui rassemble les enseignants, ce n’est pas la naïveté, mais plutôt la lucidité : la conscience claire de ce que les nouvelles technologies sont en train de défaire ou de libérer dans le domaine de l’éducation. 

 

Dans une conférence d’ouverture, Tracy Immel énonce ainsi la mutation àvenir : les étudiants de demain devront être des apprenants tout au long de leur vie, des « long-life students Â ». Désormais les apprentissages ne sont plus l’apanage des institutions scolaires : les outils sont doués d’ubiquité ; l’essentiel de l’éducation se fera dans les années àvenir en dehors du cadre scolaire, de son espace ou de son temps ; beaucoup de métiers vont d’ailleurs disparaître, se métamorphoser ou advenir àcause de l’impact des nouvelles technologies… Des lors, les attentes de chacun évoluent : ce que l’Ecole doit apprendre, c’est la capacité àapprendre, àétudier comme, quand et où je le veux. Un tel éclatement doit évidemment être perçu comme une chance : ce qui est àinventer collectivement, y compris par les professionnels de l’éducation, c’est une « learning society Â », une « société de l’apprentissage Â ».

 

Pour y entrer, il y a sans doute ces mots-clefs qui retentissent d’un discours ou d’un projet àl’autre. Ils constituent les caractéristiques communes àla plupart des expériences pédagogiques présentées au Forum : collaboration, personnalisation, communication, créativité, résolution de problème, réflexion, esprit critique, apprentissage au-delàde la classe, construction des savoirs, autorégulation, innovation, partage, interdisciplinarité, confrontation aux problèmes de la vie réelle… Selon l’OCDE, rappelons-le, la France se classe au 24ème rang sur 27 pour l’usage du numérique dans les classes européennes : par peur des nouvelles technologies ou par peur des nouvelles postures àinventer ?

 

D’un pays àl’autre

 

D’un pays àl’autre, les projets présentés montrent pourtant combien beaucoup d’enseignants font concrètement et délicieusement vivre ces nouvelles postures. Au Brésil, des élèves réalisent collectivement et en mobilité une cartographie interdisciplinaire de la pluviosité. D’autres utilisent des outils nomades pour étudier différents écosystèmes et « se connecter avec la nature Â ». D’autres encore, en collaboration, apprennent àlire et écrire en développant des jeux vidéo. Une autre classe produit àtous les niveaux de la conception, de la fabrication, de la diffusion, une webnovela, un « soap opéra Â » en ligne.

 

En Bolivie, en Irlande, dans plusieurs pays représentés au Forum, le logiciel Kobu Games disponible en ligne est souvent utilisé. Il permet aux enfants de créer des jeux vidéo ici pour apprendre les maths, làpour étudier les mutations de l’industrie. Les apprenants, en Arménie, explorent les impacts de la musique sur les adolescents. En Argentine, ils transmettent aux seniors les compétences essentielles de la littératie numérique. A Chypre, ils mènent des recherches en ligne sur les pratiques de recyclage. Au Costa Rica, certains réalisent un film sur les jeux traditionnels du pays quand d’autres utilisent philatélie et photographie comme supports des apprentissages. En Colombie, des écoliers voyagent via Skype pour apprendre en collaboration avec des élèves d’autres pays. D’autres déposent sur les arbres des QRCodes qui permettent d’accéder d’un clic àdes informations sur les ressources naturelles : le projet veut non seulement développer des connaissances en sciences de la terre, mais aider àprotéger les ressources naturelles : 63.200 m2 d’arbres ont d’ores et déjàété scannés !

 

Au Canada, il s’agit de relier l’Holocauste àla « vie réelle Â » : recherches, rédaction d’un mémoire, interview d’un survivant via Twitter et Skype… D’autres explorent l’urbanisme local jusqu’àen proposer une nouvelle planification. En Grèce, le projet « Leonardo da Vinci - Homo Universalis Â » mène des activités numériques diverses (en histoire, sciences, art, technologie…) pour retrouver le bonheur d’un temps où il s’agissait de développer l’homme dans sa globalité. En Allemagne, de la même façon, un travail interdisciplinaire sur le théâtre grec permet d’acquérir des compétences en sciences, littérature, architecture, histoire, acoustique… Un autre projet tourne autour de la musique : écriture de textes, composition, enregistrement, mixage, choix d’un lieu de représentation, répétitions et filmage de chorégraphies, montage de la musique et de la vidéo…

 

En Géorgie, des écoliers se lancent dans une vaste enquête auprès d’autres élèves et d’adultes : que faites-vous de votre temps libre ? Ils découvrent et explorent des activités qui leur étaient inconnues, créent de nombreuses ressources numériques sur ces loisirs, invitent les personnes interviewées àdécouvrir dans l’école le fruit de leur travail … La France présente des expériences diverses : création d’e-books autour des questions environnementales, mise en place d’un espace collaboratif en ligne pour enseignants, réalisations autour de la réalité augmentée, reconstitution virtuelle d’un château médiéval disparu, usage des tablettes en EPS au service des élèves handicapés, travail sur les cybertechnologies, animation par des collégiens d’une agence de communication numérique.

 

En Finlande, des élèves réalisent un dessin animé autour du harcèlement àl’Ecole. D’autres, qui ne savent pas encore lire ou écrire racontent leurs propres contes de fées àdes élèves plus âgés charges de les écrire ; ils s’en inspirent pour créer en binômes des jeux Kodu, l’élève de l’école élémentaire étant le designer du jeu et le plus âgé faisant office de programmateur. En Indonésie, constate une enseignante, les enfants aiment jouer, mais n’aiment pas les maths : c’est le constat qui la conduit àutiliser une pédagogie ludique, la méthode « multiplication mathematics domino Â ». En Inde, on cherche àaffronter la pénurie d’enseignants dans les parties rurales du Pundjab et àdiffuser des compétences scientifiques au plus grand nombre en construisant un « Village Mathématiques Â » virtuel (un blog). Le projet M Learning tente quant àlui d’affronter la faible pénétration d’Internet dans les régions reculées du pays en faisant des téléphones mobiles un support d’apprentissage. Le projet Color Panorama veut faire percevoir combien l’art est important dans notre vie : les environnements numériques permettent d’entrer en interaction avec des artistes, des professeurs, des personnalités…, de créer parallèlement des vidéos, des livres numériques, des dessins animés…

 

Le voyage àtravers le Forum n’est pas fini : il montre d’ores et déjàcombien le numérique a la faculté de libérer l’imagination des enseignants pour le plus grand bonheur des élèves. Et vice-versa ? « La meilleure façon d’apprendre est d’enseigner Â », proclame un enseignant belge, qui demande àses élèves de réaliser des vidéos éducatives àdestination de leurs pairs. Chaque professeur innovant présent au Forum a sans doute saisi combien pour être heureux il s’agit toujours, au contact de ses élèves, d’apprendre autant que d’enseigner.

 

Jean-Michel Le Baut

 

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