Du 11 au 14 mars, à Barcelone, le « Global Forum  » rassemble, venus du monde entier, enseignants innovants, personnels de direction, industriels, politiques pour échanger expériences et réflexions autour du numérique éducatif.
La technologie citoyenne
Dominique Nibart est professeur de technologie au collège Pablo Neruda d’Aulnay-Sous-Bois en zone Eclair. Le projet « Cybertech  » qu’il présente au Forum est plus particulièrement adapté au programme de 3ème, mais transférable à d’autres niveaux. Il s’agit d’un concours (« et non d’une compétition  », insiste l’enseignant) qui invite à réaliser un robot capable de parcourir 5 mètres et de s’arrêter en autonomie dans une zone de 40 cm sans intervention humaine. Les élèves doivent travailler en groupes, mixtes de surcroît. Telles sont les difficultés à surmonter, les inhibitions mêmes tant notre système scolaire n’apprend pas à être créatif et à travailler en groupes…
Le concours en est à sa 20ème édition : 2500 élèves participent chaque année avec une super finale qui rassemble plusieurs centaines d’entre eux à Aulnay-Sous-Bois. Dominique Nibart exprime sa stupéfaction de voir de nouvelles solutions chaque année être trouvées par les élèves pour résoudre le défi, faire preuve d’ingéniosité, détourner avec talent le règlement… : déjà 106 solutions différentes ont été imaginées ! Un apport supplémentaire à l’expérience vient d’une imprimante 3D dont le collège d’Aulnay-Sous-Bois est désormais pourvu : une machine particulièrement intéressante pour faire du prototypage rapide, éduquer au développement durable en donnant une seconde vie à des objets obsolètes, abîmés, introuvables, révolutionner les pratiques professionnelles, techniques, industrielles.
Du projet Cybertech, Dominique Nibard dresse un bilan enthousiasmant. Dès qu’il y a transformation de la matière, pour les élèves c’est extraordinaire : il ne faut pas rester dans le tout virtuel, remarque-t-il. La pédagogie de projet développe l’appétence pour ce qui est technologique, réconcilie les élèves avec un domaine qui connaît mondialement une désaffection : « Les élèves que je n’ai pas viennent me voir à l’entrée de ma salle parce qu’ils souhaitent participer.  » De surcroît, le projet permet de lancer réflexions et débats sur l’intelligence artificielle, le poids en la matière de la religion dans l’Histoire : « je suis déjà un homme transformé puisque je porte des lunettes, si on remplace mon cÅ“ur, suis-je toujours un homme ? si on transfère mon cerveau, suis-je toujours un homme ? si les robots ont un jour conscience de leur existence, comment faudra-t-il les considérer ? Comme de nombreux projets présentés au Global Forum, l’expérience de Dominique Nibard montre combien le numérique, loin de confiner aux espaces virtuels, ouvre l’Ecole sur le monde, combien il participe à une éducation globale des élèves pour en faire des citoyens à part entière.
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